Élément indispensable à l'obtention d'un crédit immobilier, l'assurance est souvent occultée par l’emprunteur au profit du taux d'intérêts de l'offre de prêt. Les candidats à l'emprunt se focalisent sur le taux nominal, et oublient que cette garantie incontournable pèse jusqu'à un tiers du coût global du financement. Au-delà de faciliter l'accès à la propriété, le niveau historiquement bas des taux d'intérêts aurait aussi le mérite de rendre l'assurance beaucoup plus visible, comme en témoigne une étude réalisée pour Cardif et L'Argus de l'assurance.
Un éclairage nouveau pour l'assurance de prêt
Cette étude menée par Infopro Digital Études (premier institut d'études B2B en France) révèle que près des trois quarts des courtiers interrogés observent un intérêt plus appuyé de leurs clients pour l'assurance emprunteur. Le contexte de taux au plancher met davantage en lumière la couverture assurantielle, jusque-là placée en second plan lors d'une demande de crédit immobilier. Proportionnellement, son coût s'est accru au rythme de la baisse de taux d'emprunt. Dans certains cas (profils à risques élevés), l'assurance peut excéder le poids des intérêts.
Outil en développement pour 33% des sondés, l'assurance de prêt est d'abord un produit qui leur permet de rendre service à leur client (64%) et de le fidéliser (40%). Les premiers à mettre en avant ces objectifs sont logiquement les courtiers en assurance avant les courtiers en crédit. La rémunération semble être une motivation accessoire, puisqu'elle n'est citée que par 24% des intermédiaires.
L'assurance de prêt individuelle : levier d'économies pour l'assuré emprunteur
Le coût, la clef de voûte de la délégation d'assurance pour les emprunteurs. Quels critères sont déterminants pour les assurés lors de la sélection d'un contrat d'assurance ? De l'avis des courtiers, le tarif prime sur le reste, sans surprise. 74% de leurs clients se tournent vers les formules individuelles pour faire des économies. Les autres motifs sont très marginaux :
la simplicité de souscription (8%)
l’étendue de la couverture (7%)
- la rapidité de la souscription (4%)
- La sélection médicale (4%)
- la fiabilité du process de souscription (3%).
Le prix est bien évidemment mis en avant par les courtiers (36%) lorsqu'ils proposent un produit à leurs clients, ils n'en oublient pas pour autant les garanties proposées (33%). Le courtier est un vendeur mais aussi et surtout un conseiller. Soumis à des obligations d'informations et de conseils, il engage sa responsabilité auprès du client. Les autres aspects de la sélection d'une offre sont relégués en arrière-plan du tarif et de la couverture :
- le process de souscription (11%)
- le gestionnaire du contrat (6%)
- le parcours digitalisé (3%)
- l'accompagnement (1%).
Les freins à la délégation d'assurance : toujours les mêmes !
Malgré un arsenal législatif en faveur du libre choix de l'assurance emprunteur (lois Lagarde et Hamon, amendement Bourquin) et une ouverture du marché à la concurrence (une trentaine d’opérateurs), les difficultés demeurent. 44% des courtiers peinent encore à faire passer une demande en délégation. Qu'il s'agisse d'une première souscription ou de la substitution du contrat bancaire par une offre alternative, les griefs avancés dans cette enquête sont ceux dénoncés depuis des années par la profession :
le manque de clarté sur la date butoir de la résiliation (57%)
- la longueur des procédures (56%)
- l'absence de réponse de la part de la banque (45%)
- le manque d'informations sur les garanties exigées par le prêteur (28%)
Dans une moindre mesure, les courtiers citent le manque de compétences juridiques pour appuyer les demandes de résiliation (14%) et l'absence d'offres pour certains profils (2%).
La première difficulté rencontrée devrait bientôt disparaître avec la mise en place d'une date de référence unique (date d'anniversaire de la signature de l'offre de prêt) conformément à l'avis du CCSF (Comité Consultatif du Secteur Financier). Il est par ailleurs permis d'espérer que la nouvelle proposition de loi du sénateur Bourquin aura des répercussions favorables sur les assurances déléguées. La semaine dernière, l'élu socialiste a réussi à intégrer son texte au projet de loi de simplification de l'action publique pour accélérer son examen par le Parlement. En cas d'adoption, les banques ne pourront plus jouer sur la date de résiliation, et ni manquer à leur devoir d'information sur le droit au changement et les délais à respecter pour en faire usage, sous peine d'écoper d'une amende administrative de 15 000€.
Cette étude tombe à point nommé. Sous l'impulsion de Martial Bourquin, Bercy vient tout juste de saisir la DGCCRF (Direction de la répression des fraudes) pour arbitrer les relations plus que tendues entre les établissements financiers et leurs partenaires courtiers. Cette épée de Damoclès qui pèse sur les banques porterait déjà ses fruits. Le courtier Magnolia observe depuis quelques jours des comportements plus vertueux (moins de refus, délais respectés). Seule la menace de sanctions peut faire plier les établissements récalcitrants et les obliger à appliquer une réglementation qui vise à renforcer le libre choix de l'assurance emprunteur et à garantir l'exercice d'une concurrence loyale.